On appelle commune mixte, les centres de population qui sont habités à la fois par des indigènes et par des européens et qui, possèdent des ressources propres, ne renferme pas encore une population européenne suffisante pour être érigé en commune de plein exercice, selon le décret du 20 mai 1868.
Antoine Auguste VAISSEAUX, né à Saint-Remèze le 18 octobre 1847, s’est rendu à Mékla (village de Grande Kabylie) en octobre 1880 pour se rendre compte des lieux; le 18 mars 1881, il est mis en posséssion de 28 hectares 24 ares. Ayant obtenu un titre définitif en août 1884, il habite ce village avec son épouse Léonie Irma Raphin et ses enfants mais, deux ans aprés, devant les difficultés rencontrées, il dut renoncer et retourne définitivement à Saint- Remèze avec sa famille.
D'aprés des témoignages oraux, il est coléreux et ne souhaite pas évoquer cet épisode malheureux de sa vie. Nous avons appris par son petit fils, que Antoine Auguste Vaisseaux avait été un enfant de l’assistance, et avait dû être placé dans une famille de Saint Remèze, ce qui n’était pas rare à l’époque.
La famille MAUCUER Jean Auguste, très ancienne à Saint Remèze, a suivi le même itinéraire (Mekla) ; elle a comme surnom "Lacadémie". Chaque famille de cette époque est affublée d'un sobriquet ; il y avait alors, à Saint-Remèze mème, huit familles Maucuer et il fallait bien les distinguer. Celui-ci, cultivateur et maçon, a demandé un recours au préfet d'Alger, sa maison s'étant écroulée. Il n'était pas rare que ces nouveaux installés subissent des sinistres et demandent aux autorités une indemnité.
Dans sa feuille de renseignements, signée par le Maire de Saint Remèze soit "Jean Albéric Charmasson", Jean Auguste Maucuer a mentionné avant son départ, son épouse Sophie Boisson et ses enfants. Il a également déclaré les biens qu'il posséde à Saint Remèze: 3000 francs de ressources, des instruments agricoles et cinq ou six hectares de terres représentant la somme de 5000 francs, ces biens énumérés servent de caution. Il a été mis en possession de 25 hectares le 10 janvier 1881 sur le térritoire de Mékla, le titre définitif de propriété lui est remis le 25 avril 1884.
Dans une lettre du 4 mars 1895, Jean Auguste Maucuer se signe maire de Mekla. Apparemment cette famille n’a pas fait souche très longtemps dans ce village.
Jean-François SOUBEYRAND né en 1834 à Saint-Remèze, fait partie de la branche des Soubeyrand dit Rouvet, cette famille devait certainement habiter au quartier de Rouvet. Il a lui aussi obtenu une concession à Mékla le 10 janvier 1881 où il s’est installé avec sa famille; sa 2ème épouse et ses enfants ; il a eu au total dix enfants dont cinq avec chacune de ses épouses, certains sont décédés très jeunes (mortalité infantile).
Jean François a obtenu le titre définitif de propriété le 20 février 1884, il posséde à Saint-Remèze 4 ou 5 hectares de terres estimés à 6000 francs. Il a contracté un emprunt au sieur Joseph Boullu, entrepreneur à Fort National (village voisin de Mékla), et également maire de ce village, puis plus tard Maire de Mekla. Mais par la suite les affaires de Jean François Soubeyrand ne sont pas fructueuses.
Il décéde à Marseille, sa 1ère épouse Philippine Mirabel est décédée à Saint-Remèze en 1874, sa 2ème épouse Elisa Louise Peyreplaine est décédée elle aussi à Saint-Remèze.
Par contre deux autres concessionnaires de Mekla, eux aussi originaires de Saint-Remèze, se sont bien implantés dans cette région de Grande Kabylie ; leurs descendants y restent jusqu’à l’indépendance et parmi eux certains sont maires de ce village algérien : il s’agit des familles DELYMPE Antoine et DUBOIS Henri Adrien (de la branche des Dubois dit Jouby). Celui-ci né à Saint Remèze le 18/4/1833, cinquième d’une famille de sept, a obtenu 27 hectares le 10 janvier 1881, le titre de propriété lui est remis le 1 novembre 1884, il est accompagné de son épouse Rosalie Eugénie Rigaud née elle aussi à Saint Remèze le 1er novembre 1844 et de leurs quatre enfants. Un de leurs descendants, Emile Dubois, est le dernier Maire français de ce village, il a su composer avec les différentes autorités, c’était plus prudent.
Il y avait à Saint Remèze une autre famille Dubois dit Cavalier, dont un membre l’abbé Jean Antoine Dubois né le 11 janvier 1766, fuyant la révolution française est parti comme missionnaire en Inde à Pondichéry durant 32 ans. Une parcelle de vigne à Saint Remèze porte son nom :« Clos de l’Abbé Dubois ».
Lettre de Dubois Henri Adrien au préfet d'Alger au sujet de sa concession à Mekla |
Quand à Antoine Delympe né à Vagnas le 22 juillet 1824, domicilié à Saint Remèze depuis 1849, a lui aussi obtenu en 1881 une concession sur le territoire de Mekla (Commune mixte de Fort National). Il s’y rend avec son épouse et ses enfants. Sa feuille de renseignements est remplie et signée par Mr Charmasson maire de Saint Remèze. Un de ses fils Hilarion Joseph se marie le 5 octobre 1885 avec Rachel Auriol, dont les parents Ardéchois aussi, habitent ce village de grande kabylie. Le père de Rachel "Jean Martin Auriol" est natif de Montréal, village ardéchois, sa mère est "Emilie Sophie Imbert".
Hilarion Joseph Delympe est devenu lui aussi maire de Mekla, il est assassiné dans son domaine, ce qui n’est pas rare à l’époque. Hilarion Joseph Delympe et Rachel Auriol ont eu plusieurs enfants dont deux de leurs fils ont émigré au Maroc : Marrakech, Fez, Oujda. Norbert Delympe a élu domicile en 1939 à Meknès au no 32 rue Lafayette, l’ainé André était gendarme à Dra-el-Mizan (42 kms au sud ouest de Tizi Ouzou), Louis Dagobert est décédé le 15 Août 1949 à Ménerville (Algérie).
D’après certains documents on a tout lieu de penser que ces cinq agriculteurs de Saint Remèze, (Maucuer, Soubeyrand, Vaisseaux, Delympe, Dubois) futurs colons à Mékla, ont fait le voyage ensemble, pour reconnaitre les lieux ; leurs noms sont parfois mentionnés lors de la création de ce centre.
A la même époque la famille de Simon Jean Louis LARMANDE, originaire du quartier du plot à Valvignères, et de son épouse née Sartre, s’installe dans un petit village de grande kabylie (proche de Mékla), à Tamda. Ils ont neuf enfants, plusieurs meurent jeunes. Leur fille Angélina lucie louise décède à Djidjelli le 23 septembre 1918 ; Leur fils Sylvain Adrien épouse à Tamda (commune mixte du haut Sébaou) le 29 février 1892 Marie Joséphine Jourdan ; Auguste Baptiste se marie le 22/11/1902 à Azazga avec Jeanne Chlotilde Balazuc, d'origine Ardéchoise elle aussi.
François Joseph Soubeyrand né à Saint Remèze en 1865, fils de Jean François et de Philippine Mirabel, habite quelques années à Fort-National (commune mixte de Mekla), avant de revenir en France, plus précisément à Saint Just d’Ardèche (bureau de tabac actuel), où il exerce la profession de cordonnier, comme son oncle Henri Soubeyrand, cordonnier à Saint-Remèze.
Le village de Fort National s’appelle avant la présence française : Larbaa Nath Irathen ; ce village, à 960 mètres d’altitude, est une véritable place de guerre construite en 1857, en un temps qui s’échelonne sur un peu plus de dix ans, aussitôt après la conquête de la Kabylie, sur le plateau de Souk-el-Arba dans le pays des At Raten.
François Joseph redemande une concession pour l’Algérie en 1899 dans le centre de Ampère (93), cela lui est refusé, ses ressources sont jugées insuffisantes, la côte du document le concernant est 7 10 M 226 et 227 aux archives d’Aix en Provence.
Bien avant 1870, des familles d’européens s'installent à Ampère, village qui dépend de Constantine, puis de Sétif en petite Kabylie. Le nom de ce village s’appelle à l’origine Aïn Azel puis est baptisé Ampère en souvenir de André Marie Ampère 1775-1836 physicien, mathématicien et qui a plusieurs inventions à son actif. Après l’indépendance, ce village reprend son nom d’origine.
Le centre d’Ampère est créé en 1895, son peuplement concerne surtout l’immigration des familles provenant de régions montagneuses et déshéritées : en particulier l’Ardèche, le Tarn, l’Ariège, la Haute Savoie, la Corse, l’Alsace-Lorraine et également des régions méditerranéenne : Malte, l’Italie du sud, la Sicile…
La sœur ainée de François-Joseph Soubeyrand du prénom de « Mathilde-Eulalie » épouse Joseph Seneca, apparemment ceux-ci ont fait souche en Algérie.
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