DECRET DE 1878 & LA SECONDE VAGUE D' EMIGRATION

       Il a fallu attendre le décret du 30 septembre 1878, pour qu’enfin le gouverneur général de l’Algérie soit autorisé à concéder les terres alloties dans les conditions prescrites aux Français d’origine européenne, et aux Européens naturalisés ou en instance de naturalisation qui justifient, pour les lots de village, de ressources jugées par lui suffisantes, et pour les lots de ferme, d’un capital disponible représentant 150 francs par hectare.

      En outre, en fonction de leurs revenus, les futurs colons peuvent prétendre à un ou plusieurs passages gratuits pour eux et leur famille, ainsi qu’à des secours de route. La superficie des concessions sont en moyenne de 25 hectares, le futur colon doit mettre en valeur ces terres, défricher, planter, construire sa maison, installer sa famille ; il devient définitivement propriétaire au bout de cinq ans avec un titre de propriété rédigé par un notaire, mais combien d’entre eux abandonne ou rétrocède avant le terme ?.

      Dans cette période, la France, et principalement l’agriculture traversent une grave crise économique ; le vignoble français est détruit par le phylloxéra, les plantations de mûriers sérieusement endommagées par des vers et la pébrine s’en prend aux vers à soie. L’état français conseille alors à de nombreux paysans du Midi d’aller s’installer en Algérie, compte tenu des nouvelles lois concernant l’aliénation des terres.

       En conséquence, les cultivateurs des régions méridionales sont nombreux à traverser la Méditerranée, ainsi que les Alsaciens-Lorrains fuyant l’Allemagne, les Francs-Comtois ; l’Ardèche et la Drôme sont en bonne place. Entre 1870 et 1900 mille familles Ardéchoises se dirigent vers ce pays d’Afrique du Nord, réparties comme suit : Environ 400 dans le département d’Oran, 3oo département de Constantine, 300 département d’Alger, atteignant un total de prés de deux mille familles depuis le début de la colonisation.

       Toutes ces familles ne restent pas  en Algérie, certaines reviennent en métropole ne pouvant pas s’adapter et dans certains cas redemandent aux autorités, quelques années après, une nouvelle concession, parfois vingt ou trente ans après. D’autres abandonnent en cours de route, ou après avoir obtenu une concession ne partent pas, c’était une aventure et quelle aventure; d’autres encore ont commencé à mettre en valeur leur concession et l’ont cédé à un autre, cela s’appellent une cession, il y a de nombreux cas de figure, ce n’est pas facile ; en plus de cela il y a des épidémies, la mortalité infantile, les familles nombreuses, tout est précaire.

       Les Ardéchois d’Algérie proviennent surtout des cantons des Vans, Joyeuse, Largentière, Aubenas, Vallon Pont d’Arc, et dans une moindre mesure des cantons de Villeneuve de Berg, Viviers, Bourg-Saint-Andéol, très peu de la Haute Ardèche. Nous avons commencé à étudier leurs cheminements. L’Association GAMT (1) exploite ce terrain. Il faut savoir que de nombreux documents d’archives ont disparu ou n’ont pas été rapatriés mais, en grande partie, les dossiers de ceux qui ont obtenu une concession se trouvent aux archives de la France d’Outre Mer à Aix-en-Provence et sont classés par villages de colonisation.

      L’Algérie n’était pas l’Eldorado et la vie y était plutôt difficile ; c’est pour cette raison que le gouvernement s’appliquait à installer dans un même centre, ou à proximité, des cultivateurs et des tailleurs de pierre venant d’une même région française, facilitant ainsi l’intégration et l’entraide. Le choix d’une concession est plus facile dans les années 1880 que plus tard, les premiers villages ou centres créés sont les mieux placés géographiquement et ceux dont les terres sont de meilleure qualité.

      Pour chaque futur colon, le maire du village d’origine (ou son adjoint), sont tenu d’envoyer aux autorités chargées de l’installation des candidats, une fiche de renseignements certifiant que celui-ci est en bonne santé, travailleur, intelligent, robuste, de bonne moralité, doit être mentionnée également sa situation familiale et pécuniaire, afin d’être certain qu’il est à même de gérer la concession dans de bonnes conditions. Parfois aussi il doit dire sa taille, son poids, la couleur de ses yeux, la forme du front, du menton etc..

      Création des villages ou des centres de colonisation: Entre 1830 et 1840, 100 villages ont été créés.
En 1848 création de 42 colonies agricoles. Certains de ces villages ou colonies ont été abandonnés et repris plus tard par d’autres colons.
Entre 1871 et 1895, c’était la meilleure période pour s’installer en Algérie dans de bonnes conditions, aussi 248 villages ou centres ont été créés pour des colons venus de l’Aveyron, de l’Ardèche, des Hautes Alpes, de la Drôme, de l’Isère.
De 1895 à 1900, création de 80 villages.
De 1900 à 1920, création de 200 villages.
De 1921 à 1929 création de 71 villages.

       La colonisation officielle se termine en 1928 avec la création en 1929 du dernier village qui s’appellera « Gaston Doumergue », et qui s’appelait avant la présence française Aïn Temouchent.
       Concernant les centres créés, des habitants de Menton se sont installés à Abbo, centre créé en 1879 dans la vallée de la Sébaou. Des corses ont fondé Sidi Merouane prés de Ténès en 1875. Des bretons ont créé Herbillon en 1869, entre Philippeville et Bône, ce nom a été donné en l’honneur du général français Emile Herbillon lequel avait participé à la conquête de l’Algérie ; des Alsaciens lorrains ont créé les villages de Strasbourg, Belfort et Kléber entre 1870 et 1895 ; Vesoul Bénian a été créé par des francs comtois en 1853, tous les habitants d’un village d’Isère avec leur maire en tête étaient eux aussi partis en Algérie.        
                                                                                     
      Des Allemands avaient créé La Stidia, et Sainte Léonie en 1846, ces Allemands se dirigeaient vers les Etats Unis, des agents de l’état français les ont envoyé en Algérie en leur promettant beaucoup et ensuite les laissant à leur sort ; des villages entiers d’Espagnols fuyant la misère s’étaient eux aussi installés en Algérie, principalement dans le département d’Oran. Les étrangers étaient naturalisés français après cinq ans de présence sur le sol Algérien, puisque c’était la France. Le vice président du conseil du Ministère de L’intérieur, service de l’Algérie (colonisation), avait envoyé un courrier le 29/11/1875 à tous les préfets de la métropole au sujet de l’état des concessions de terres en Algérie afin d’éclairer les personnes qui désireraient s’installer dans la colonie aux conditions prévues par le décret du 15 juillet 1874. Dans ce courrier il dit qu’il s’empressera de répondre sous le timbre du service de l’Algérie (99 rue de grenelle st germain), aux demandes d’informations qui lui seraient faites à ce sujet. Dans le cas où le nombre d’imprimés mis à la disposition paraitrait insuffisant, le complément nécessaire sera immédiatement transmis. Cette information devait être insérer in extenso dans le recueil des actes administratifs de chaque département et dans les journaux chargés de la publication.

      A propos de la loi Crémieux : ce décret du 24 octobre 1870 donne la citoyenneté française aux 37000   juifs d'Algérie ; dans la foulée les colons originaires d'Europe (Italie, Allemagne, Espagne, Suisse, Malte) sont aussi francisés en bloc aprés cinq ans de présence en Algérie.
Concernant les 37.000 Juifs cela n'a pas été une bonne affaire pour eux pour la raison suivante: une partie d'entr'eux étaient établies en Afrique du Nord bien avant l'ère chrétienne, et l'autre partie s'était installée en Algérie au XVème siècle.  Etant naturalisé Français ils ont été obligé de quitter l'Afrique du nord au moment de l'indépendance de ces colonies.
Isaac Adolphe Crémieux était ministre de la justice.

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