INTRODUCTION

       Je suis né en 1941 en basse Ardèche dans une famille d’agriculteurs, et j’ai moi aussi choisi ce métier. Très tôt, mes deux passions furent l’histoire et la généalogie, le contact avec le monde terrien favorisant ces passions. Ces plaisirs m’ont permis de m’évader  très souvent; mes pieds étaient collés à cette terre mais mes pensées étaient ailleurs. L’idée que j’allais rester toute ma vie dans la même région m’était intolérable, et pourtant je ne suis pas allé très loin, le métier d’agriculteur ne permettant pas de grandes évasions,  il y eu certainement  des possibilités que je n’ai pas su saisir  le syndicalisme par exemple.

     Un proverbe Chinois dit: Si tu veux voir ta montagne, tu t'en éloignes. 

     Un de mes intérêts intellectuels a été l’Algérie, Pourquoi ? tout simplement parce que une partie de ma famille paternelle y a vécu, certains d’entre eux jusqu’en 1962, de ce fait j’ai côtoyé des  cousins qui vivaient en Algérie, d’autres en Tunisie, mais ils n'étaient pas vraiment pied noir ; en effet, ils ne descendaient pas des pionniers des années 1830-1850, mais de ceux qui s'y étaient installés dans les années 1880. La plupart de ces cousins avaient quand même un accent pied noir très prononcé.

       Ce qui a été déterminant et a facilité mes recherches, a été ma rencontre avec le professeur Pierre GOURINARD d'Aix en Provence, suite à des articles qu'il a écrit dans différents journaux sur la création du centre d'Azazga (Grande Kabylie), par des paysans et maçons Ardéchois. Et aussi ma rencontre avec Suzette GRANGER de Nîmes, qui s'intéresse à l'état Civil d'Algérie et aussi à l'histoire de Djidjelli et Taher, elle a écrit livres et plaquettes sur ces deux villages de petite Kabylie.


      J’aurais pu essayer de romancer la vie d’une famille de  pied noir  que j’ai connue, mais cela me paraît assez difficile, on ne connait jamais une personne ou une famille à fond, c’est beaucoup plus facile de faire une synthèse historique de l’ensemble, même s’il peut y avoir une petite marge d’erreurs, je rentre donc dans le vif du sujet : chacun de nous, doit sa naissance à tous les évènements petits ou grands qui se sont passés bien avant notre arrivée sur cette planète. La conquête de l’Algérie a permis à mes grands parents paternels de se rencontrer; sans cette colonisation, ils ne se seraient jamais connus, donc je n’existerais pas, mes sœurs non plus, sans parler de tous mes cousins et cousines issus de mes grands parents paternels et des frères et sœurs de ceux-ci, ce qui en quelques générations, aurait représenté des milliers de personnes.

     Chacun de nous avons huit arrière-grands-parents, et, en ce qui me concerne trois d’entre eux s’étaient installés en grande Kabylie. Mon arrière grand père patronymique, 30 ans après son installation, disait à son fils (soit mon grand père), "il nous faut rentrer en France car un jour on nous mettra dehors"; c’est peut être un des facteurs qui a incité mon  aïeul à acheter une exploitation en 1912 environ (domaine du grand mélinas à Saint Just d’Ardèche). Il est donc rentré en métropole avec ses proches en 1922, les autres, grands oncles et cousins collatéraux resteront en Algérie, d’autres en Tunisie, jusque dans les années 1960, accession à l’indépendance d'anciennes colonies. Je pense que l’Algérie n’ayant jamais été pacifiée, c'était certainement plus sage de partir.  

      Ma grand-mère paternelle, quant à elle, était franc-comtoise avec un nom bien présent en Franche Comté, « MAIRE » ; dans un premier temps sa famille composée de quatre personnes (son père Charles Ernest Maire, ma grand mère et ses deux frères Joseph et Maurice) ils avaient demandé et mème obtenu une concession à Borély-la-Sapie vers 1902, arrondissement de Miliana, commune mixte de Djendel,  le nom de cette ville avant la présence française s’appelait « Ouamri ». Finalement mon arrière grand père Charles Ernest Maire ne figure pas dans la liste des concessionnaires de ce village, pourtant il l'avait demandé. J'ai découvert dernièrement que un oncle de ma grand mère qui s'appelait Charles Albert Maire avait lui aussi demandé une concession dans ce mème centre de Borély la Sapie, mais apparemment ne l'avait pas obtenu, celui-ci est décédé en ca (1) 1905, à Germéfontaine, à Paris ?....
      Mon arrière grand père Charles Ernest avait été assassiné en 1908 à Kabbouzzia, ce qui n'était pas rare à l'époque, l'enquête n'avait rien donné de certains, les moyens n'étaient pas les mèmes qu'aujourd'hui.
      Un des frères de ma grand mère "Joseph Charles Maire" a élu domicile à Klédia (village de Tunisie),  vers 1925, mais avant que de péripéties.... il a tout d'abord habité à Kabouzzia vers 1902, ainsi que dans d'autres villages Algériens: Boufarik, Relizane et en 1924 il s'est installé à Ouarizane village de l'Oranais.
Quelques temps aprés il a rejoint la Tunisie avec son épouse et  ses cinq enfants lesquels ont fait souche à Klédia et Oudna., et y sont restés  jusqu'à l'indépendance, soit 1960-1962. Ce grand oncle avait un contact très agréable, il avait donc 80 ans lorsque lui et ses  nombreux descendants ont dû quitter la Tunisie contraint et forcé, mais il acceptait sans être révolté.  De temps en temps il disait mais qu'est ce qu'on est allé faire en Algérie, surtout lui il avait fait quelques études ce qui était rare à l'époque et aurait pu prétendre à un bel avenir dans la métropole, il est né à Germéfontaine dans le dt du Doubs.

     Tout au long de ces pages, je ne me permettrai jamais de critiquer ni en bien, ni en mal, cette époque de la colonisation. Ce qui m’intéresse, ce sont les raisons qui ont poussé aux départs, les conditions qui ont entouré ces derniers ( les aides de l’état, la propagande, les passages gratuits, les secours de route), et la réalité une fois sur place.

      Je parlerai surtout des départs des Ardéchois du Bas Vivarais, ce sont ces départs que je connais le mieux, mais je ne les ai pas tous suivis à la trace, ce n’est pas possible. Assez souvent certains colons une fois en Algérie changeaient de lieu, (Maroc, Tunisie), d’autres revenaient en métropole et quelques années après repartaient en Algérie, parfois vingt ou quarante ans après, c’était assez difficile de se stabiliser ; d'autres encore avaient fait les principales formalités, ou avaient seulement eu l’idée de partir mais au dernier moment les uns comme les autres renonçaient, ils étaient trop attachés à leur village où avaient vécu leurs ancêtres ; c’était important pour eux de voir le clocher du village qui les a vu naître et d’entendre sonner les cloches, il y avait également la peur du changement.

      Il fallait bien prendre une décision, notre pays était en crise suite à de nombreuses calamités agricoles (Le phylloxera de la vigne, la pébrine du vers à soie, les vers du murier) et plusieurs décennies auparavant, en 1847, notre pays avait  subit un krach , ce qui à l'époque s'était traduit par l'apparition du chômage. En 1848 l'activité agricole a été très mauvaise par suite de mauvaises récoltes à cause du mildiou (champignon parasite) qui s'attaquait aux cultures locales dont les pommes de terre, ça a été aussi une année de grandes inondations.

     Certaines familles, et c’était le cas à Labastide de Virac, étaient parties en Algérie en abandonnant leurs maisons ; cent ans après lorsque la municipalité a voulu rénover la place du château, elle s’est aperçue que certaines maisons confrontant cette place n’avaient plus de propriétaires car partis en Algérie un siècle auparavant, de ce fait ces maisons sont devenus propriétés de la Mairie.

      De toutes les régions françaises, et de presque tous les départements français, des personnes sont partis en Algérie. Pour retrouver leur trace il faut dans un premier temps consulter la série M aux archives départementales du département concerné (Demandes de passeports, secours de route, concessions, passages gratuits pour l’Algérie), en ce qui concerne l’Ardèche il faut consulter la série 6 M 276 à 6 M 284 aux AD (Archives Départementales) de Privas, ensuite voir la série M et la série L aux archives d’outre mer à Aix en Provence pour la création des villages de colonisation, les concessions, le peuplement, les titres de propriété des concessionnaires classés par village et par ordre alphabétique, voir 4 M 37 à 4 M 42.

     Pour obtenir une concession il fallait justifier d'une somme de cinq mille francs, pour pouvoir la mettre en valeur et construire sa maison.

      De nombreux écrivains se sont intéressés à l’Algérie, certains ont écrit sur l’installation des Espagnols dans l’Oranais ou des Allemands qui se dirigeaient d’abord vers les Amériques et qui ont été ensuite aiguillés par les agents de l’état français vers l’Algérie; mais aucun ne s’est intéressé aux départs des habitants du Bas Vivarais, excepté le professeur Pierre Gourinard d’Aix en Provence qui a écrit sur la mise en valeur du centre d’Azazga par des ardéchois du Bas Vivarais, et Suzette Granger de Nîmes sur l’installation des méridionaux à Taher et sa région. La façon dont se sont faits ces départs est un terrain assez inexploité et pourtant passionnant.

      Cette émigration a occupé les esprits de 1840 à 1920, soit 80 ans et a été occultée ensuite jusqu’à l’indépendance des colonies, dont l’Algérie. Autrefois, dans les villages ruraux, voir des concitoyens voler vers d’autres cieux, n’était pas toujours bien perçu.

     Tout au long de ces pages, j’ai donné plus de renseignements sur les familles qui m’étaient proches dont certaines apparentées, j'en connais mieux les détails. J’ai également donné  plus de renseignements sur  certains villages Algériens, plutôt que sur les villes, c’est plus facile à détailler.

      Concernant l'Algérie, mon intention était d'écrire un livre, j'y ai travaillé plusieurs mois et j'arrivais à peine à 150 pages documents et photos compris, ce n'était pas suffisant. L'idée du blog m'est venue ensuite, il me fallait trouver un bon informaticien. J'ai demandé à un ami, héliograveur, pharmacien à la retraite depuis peu. Il a accepté de me construire ce blog, je n'ai eu qu'à y mettre mes écrits, photos et documents,  il me reste à faire quelques corrections, j'ai encore beaucoup d'informations à y ajouter.

1. ca en généalogie veut dire environ. 


Je suis entrain de créer un autre blog (généalogies diverses), pour y accéder voici le lien: https://genealogiesdiverses07.blogspot.com/







4 commentaires:

  1. J'aime bien la façon dont tu racontes les choses, j'ai l'impression d'entendre ta voix.

    RépondreSupprimer
  2. J'aime bien la façon dont tu racontes les choses, j'ai l'impression de t'entendre parler. Tu réussis bien à dire simplement des choses compliquées.

    RépondreSupprimer
  3. Merci Michel, Excuses moi je viens de découvrir tes commentaires à l'instant, je suis pas né avec l'informatique. Amitiés, Alain

    RépondreSupprimer
  4. Salut Alain , ceci est un essai de commentaire pour voir si tu reçois bien une alerte dans ta boite mail orange ?

    RépondreSupprimer

.

Formulaire de contact

Nom

E-mail *

Message *

Alain Charmasson PONT-SAINT-ESPRIT 30130